Ces derniers mois, on observe que de plus en plus d’entreprises souhaitent représenter leurs données brutes d’une manière poétique, générative et originale. Le data art nous plonge alors dans les données d’une marque, d’un espace public ou d’une ville pour générer des créations esthétiques, dynamiques et en temps réel. Focus.

Le data art : rendre visible l’invisible des data

Les artistes ont, depuis toujours, investis le champ de la « visualisation des données » (datavisualisation ou dataviz). D’ailleurs, cette dernière est souvent décrite comme étant un art : l’art de mettre en forme les données afin d’en saisir les différents impacts, l’art de rendre compréhensible des données brutes. La « visualisation des données » est à la pointe à la fois de la science et de l’art. Scientifique, elle nécessite des algorithmes de réduction ou d’extrapolation de données de plus en plus complexes pour synthétiser des masses phénoménales d’informations. Artistique, elle recherche le meilleur moyen de capter l’attention du lecteur sur les conclusions saillantes.

Aaron Koblin's gorgeous work, Flight Patterns, shows 24 hours of air traffic over the United States(Credit: Aaron Koblin)
Aaron Koblin : “Flight Patterns” représente 24 heures du trafic aérien au-dessus du territoire américain.(Credit: Aaron Koblin)

Historiquement, l’implication des artistes dans la lecture de data ne date pas d’hier. En 1970 déjà, Kynaston McShine organise l’exposition « Information » au MoMa à New York. Rassemblant des artistes comme Daniel Buren, Vito Acconci, Dennis Oppenheim ou Jeff Wall, l’exposition est un premier exemple du traitement créatif d’archives publiques. Une centaine de vidéos et d’installations confrontent ainsi leurs interprétations de contenus politiques et médiatiques.

Dans le catalogue de l’exposition, le curateur explique : « De plus en plus d’artistes utilisent le courrier, les télégraphes, le télex, etc. pour transmettre leur propre travaux – photographie, films, documents – ou diffuser de l’information sur leur activité ».

Kynaston McShine (éd.), Information, New York, MoMA, 1970.
Kynaston McShine (éd.), Information, New York, MoMA, 1970.

Alors avec le développement des nouvelles technologies, rien d’étonnant à ce que les artistes s’inspirent de la Data pour créer des œuvres et des animations qui s’inscrivent dans une toute nouvelle dimension. A ce titre, le data art est une des formes d’art numérique les plus prometteuses. A travers cette nouvelle forme d’art, la création dépend de data connectées. Ces oeuvres possèdent donc un caractère “génératif”, c’est à dire que les images sont codées et produites à partir de code informatique (les data d’un utilisateur, d’une marque, d’un espace, etc). Le data art expose ainsi les liens qui existent entre les algorithmes et la création artistique et permet de rendre l’invisible visible.

Comme l’indiquent les « Data Paintings » de l’artiste Refik Anadol – réalisées à partir des données portant sur la vitesse du vent, la courbe du temps ou de la température influant la ville de Boston aux Etats-Unis – l’exploration artistique de la data est d’abord la poétisation d’un langage invisible. Les Hidden Landscapes de l’artiste détectent ainsi les mouvements intangibles.

Notre quotidien est rempli d’algorithmes. L’objectif des Data Artists est de métamorphoser ces données en matériel esthétique, mais aussi parfois en matériel pédagogique. Par célèbre infographie du dessinateur Randall Munroe sensibilise au changement climatique grâce à l’humour. C’est également le cas de Matt Willey et de son Poster 2060 qui nous livre ses prévisions pessimistes sur la progression de la destruction de la forêt amazonienne.

Matt Willey Poster2060

Le data art au service de la communication des marques

Le Data Art ne brouille pas seulement la frontière entre l’art et l’information mais également entre l’art et le marketing.  La data offre de nouvelles possibilités tant en création qu’en terme d’expérience que peuvent proposer les marques.

L’agence Bright, créée en 2015 par Abdel Bounane et Martin-Zack Mekkaoui, veut offrir une nouvelle vie à la data en métamorphosant pour ses clients leurs données en œuvres numériques fascinantes. Selon eux, l’art doit sortir des galeries et des musées pour s’immiscer dans les sphères publiques.

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Le data art est un outil de communication puissant, qui permet de sublimer l’aura d’une marque, sur une matière première qui lui est totalement propre, la data, qui révèle le lien qu’elle a avec ses divers publics. Nombre de personnes présentes sur un lieu, taux de satisfaction, activité sur les réseaux sociaux, géolocalisation d’une flotte de véhicule… Pour la première fois, les données d’une marque sont traitées, analysées, et représentées de manière esthétique, pour communiquer en temps réel sur le patrimoine numérique d’une marque : ses data.

En un mot, le data art permet de raconter de nouvelles histoires, basée sur le patrimoine digital d’une entreprise, en temps réel et sur tous les outils de communication d’une marque. Ces créations peuvent en effet se décliner aussi bien dans un lieu que sur tous les outils digitaux : un site web, une appli, ou les réseaux sociaux… C’est pourquoi les marques font de plus en plus appel à Bright pour métamorphoser et poétiser leurs data en oeuvre d’art unique, personnalisée et infinie.

Quelques exemples de data art au service de la communication des marques

Data art sur 1000 écrans des abribus parisiens avec JCDecaux

Bright a été sélectionné par JCDecaux et la ville de Paris pour réaliser une exposition d’art numérique sur les nouveaux abribus connectés. Sur plus de 1000 abribus partout dans la ville, les parisiens auront l’occasion de découvrir une sélection d’art numérique alors qu’ils attendent le bus. Le “data art” sera à l’honneur avec de l’art généré à partir de données de la Ville de Paris, avec des designers interactifs tels que Louis Eveillard et les oeuvres de Vincent Broquaire.

Data art sur 1000 écrans des abribus parisiens avec JCDecaux
Data art sur 1000 écrans des abribus parisiens avec JCDecaux

Représenter en temps réel les conversations Twitter de +2200 musées participants à la Twitter Museum Week

“Museum Week” est une oeuvre d’art générative produite par Bright à l’occasion d’un événement réunissant plus de 2200 musées internationaux sur Twitter. Les données Twitter de chacun des musées (couleurs de la photo de profil, tweets…) ont généré les différents éléments de l’oeuvre en temps réel. Chaque musée possédant ainsi sa propre version de l’oeuvre, il existe donc plus de 2200 variations possibles de l’oeuvre. L’oeuvre, qui a été exposée pendant toute la durée de l’événement à la Cité de l’Architecture et du patrimoine, est aujourd’hui visible dans tous les abribus connectés de la ville de Paris, ainsi que sur internet à l’adresse http://artwork.museumweek2015.org/

Les data du Nike Fuelband génèrent des créations visuelles dynamiques

« Crosslining » est une oeuvre de “data art” générée par les données de géo-localisation de coureurs portant les dernières chaussures FlyKnit de Nike. Pour ce projet, Bright a commissioné l’artiste Karsten Schmidt, dont le travail a été inspiré de l’esthétique des Nike FlyKnit. Karsten Schmidt a par ailleurs exposé au MoMA (New-York), au Victoria & Albert Museum (Londres) et à La Gaîté Lyrique (Paris).

« Crosslining » est une oeuvre de “data art” générée par les données de géo-localisation de coureurs portant les dernières chaussures FlyKnit de Nike
« Crosslining » est une oeuvre de “data art” générée par les données de géo-localisation de coureurs portant les dernières chaussures FlyKnit de Nike

Pour en savoir plus, nous vous invitons à lire cet excellent dossier sur “data et créativité”, publiée dans la revue Influencia.

L:EDigitalab, qui a su hybrider sa pratique artistique avec le marketing numérique pour créer de nouvelles expériences, propose également des oeuvres génératives originales pour sublimer vos datas. C’est le cas dans Datasmog, spectacle où les flux de données sont exploités en direct, ou encore le synesthèseur, une machine qui vous fait voir ce qu’elle entend et entendre ce qu’elle voit.

Vous souhaitez bénéficier d’un de ces procédés originaux d’interprétation et de raffinage élaboré par L:EDigitalab? Contactez-nous !